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Pourquoi devrait-on prendre en compte la dissipation des ressources minérales dans l’ACV

Publié le 25 août 2022

Une fois extraites du sol, les ressources minérales peuvent être dissipées à différentes étapes du cycle de vie, de l’extraction des matières premières au recyclage des produits (pour la plupart obsolètes). La dissipation des ressources peut être considérée comme la négation de la circularité puisqu’elle représente les pertes de ressources pour les générations actuelles et futures. Il existe de plus en plus d’incitations à fermer les cycles de ressources pour améliorer l’efficacité des ressources et atteindre une économie plus circulaire.

Les méthodes LCIA (Life Cycle Impact Assessment) actuellement utilisées et recommandées appliquent le concept d’épuisement pour évaluer la disponibilité des ressources minérales dans l’économie. Ces méthodes ne reflètent pas la consommation réelle des ressources, qui se produit par la dissipation des ressources extraites. En effet, la dissipation joue un rôle prédominant dans la réduction de l’accessibilité des ressources, réduisant ainsi la valeur économique obtenue par leur transformation dans les chaînes de valeur, et leur valeur d’usage dans diverses applications. Dans cette optique, la Commission européenne envisage de proposer de nouvelles méthodes axées sur la dissipation dans ses futures recommandations concernant l’empreinte environnementale des produits (PEF). Ces dernières années, des efforts ont été menés dans la communauté de l’analyse du cycle de vie (ACV) pour améliorer la prise en compte de la dissipation en modifiant les inventaires du cycle de vie et en développant de nouvelles méthodologies d’évaluation des impacts.

WeLOOP est heureux d’avoir récemment recruté Alexandre Charpentier Poncelet, qui a effectué son doctorat dans le groupe CyVi de l’Université de Bordeaux. Au cours de son doctorat, il a développé une nouvelle méthodologie d’évaluation de l’impact du cycle de vie pour tenir compte de la dissipation des ressources minérales. Ce projet de doctorat a été réalisé sous la direction de Guido Sonnemann, sous la supervision de Philippe Loubet au Groupe CyVi, Bertrand Laratte aux Arts et Métiers ParisTech, Jacques Villeneuve, et Stéphanie Muller au BRGM, et avec l’étroite collaboration de Antoine Beylot (BRGM) et Christoph Helbig (Université de Bayreuth).

Alexandre a publié quelques articles scientifiques sur la prise en compte des ressources minérales dans l’ACV au cours de sa thèse. Concernant les ressources minérales en général, un premier article publié dans Resources, Conservation and Recycling, a étudié les multiples voies d’impact reliant la consommation de ressources minérales à la zone de protection (ZP) Ressources naturelles. Il propose un lien entre les interventions humaines et l’AOP basé sur différentes perspectives culturelles.

En ce qui concerne la dissipation des ressources minérales, un court article de perspective a proposé d’utiliser l’analyse dynamique des flux de matières (AMF) pour évaluer la dissipation des ressources abiotiques dans l’ACV. Le cadre a été opérationnalisé en méthodes réelles d’évaluation de l’impact du cycle de vie (LCIA) pour 18 métaux avec une méthodologie définie dans un second article intitulé « Life cycle impact assessment methods for estimating the impacts of dissipative flows of metals », publié dans le Journal of Industrial Ecology. Ces deux méthodes LCIA mesurent les taux de dissipation moyens (ADR) et la perte de temps de service potentiel (LPST) due à la dissipation globale des métaux.

Un troisième article fournit un ensemble de données et un modèle permettant d’évaluer les pertes et les durées de vie de 61 métaux dans l’économie en utilisant une approche dynamique d’AMF. L’article, intitulé « Losses and lifetimes of metals in the economy« , est publié dans Nature Sustainability et peut être consulté en ligne ici. En outre, l’ensemble de données et le code Python sont accessibles ici.

Sur la base de ces résultats d’AMF dynamique, un quatrième article, « Midpoint and endpoint characterization factors for mineral resource dissipation : methods and application to 6,000 data sets » publié dans l’International Journal of LCA, a étendu les méthodes ADR et LPST à 61 métaux et a proposé des facteurs de caractérisation du point final basés sur le prix du marché des métaux.

Lire l’article ici.

En outre, les méthodes ont été appliquées à 6 000 ensembles de données pour évaluer les résultats potentiels de l’ACV attendus de l’utilisation de ces méthodes et les comparer à ceux calculés avec les méthodes Abiotic Depletion Potential (ADP) et ReCiPe 2016.