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Vers un secteur du textile plus circulaire et durable ?

En moyenne, les européens jettent 11 kg de matières textiles (AEE) chaque année et l’industrie de l’habillement et des textiles émet 8% des émissions mondiales de GES en compatibilisant vêtements et chaussures, ce qui en fait un des secteurs les plus polluants (ADEME).

Après l’alimentation, le logement ou encore les transports, le secteur du textile est la 4e principale source d’impacts sur l’environnement au sein de l’UE. Il s’agit donc d’un secteur prioritaire nécessitant l’adoption de nouvelles réglementations et pratiques pour l’ensemble des parties prenantes (pouvoirs publics, fournisseurs, distributeurs, consommateurs etc).

L’industrie du textile a de nombreux impacts environnementaux tels que l’eutrophisation causé par l’usage des pesticides, l’appauvrissement en eaux douces, la pollution des sols et de l’écosystème aquatique ou encore les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Des pratiques plus respectueuses de l’environnement

Différentes pratiques plus respectueuses de l’environnement peuvent être mise en place tout au long du cycle de vie des textiles, de la production à la distribution, en passant par la consommation et la fin de vie :

Production plus durable et matières plus responsables

Favoriser le recyclage et le réemploi

Suppression des substances dangereuses

Changement des modes de consommation et d’utilisation

Transparence sur les origines des produits textiles

Favoriser les labels responsables européens reconnus

La méthodologie de l’Analyse du Cycle de Vie est utile pour mettre en place ces pratiques ou les influencer positivement. L’ACV est un outil qui permet d’avoir une vision complète de l’ensemble du cycle de vie du produit et d’identifier les sources les plus impactantes. L’éco-conception s’appuie également sur l’ACV, pour comparer différents scénarios et ainsi proposer des pistes d’améliorations stratégiques et plus circulaires.

textile
Cycle de vie du textile

Les initiatives en France

Loi AGEC

La loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire (AGEC) a été promulguée le 10 février 2020 et a pour but d’accélérer le changement de modèle de production et de consommation afin de limiter les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat. Pour le secteur du textile cela implique notamment l’obligation de communiquer sur la traçabilité des produits et une volonté de privilégier l’éco-conception.

Loi Climat et Résilience

La loi AGEC est suivie, le 22 août 2021, par la loi Climat et Résilience dont l’objectif est d’accélérer la transition écologique de la société et de l’économie française. L’article 2 de cette loi a annoncé la mise en place, d’ici 2026, d’un affichage environnemental sur plusieurs produits et services de consommation, notamment les textile et les produits alimentaires.

L’affichage environnemental :

L’affichage environnemental a pour objectif d’informer les consommateurs de l’empreinte écologique des produits et d’ainsi les éclairer dans le choix de leurs achats. Celui-ci prend la forme d’un score unique représentant le coût environnemental du produit ou service et sera obligatoire sur tous les produits d’habillement vendus en France en 2025. Il est, d’ici là, seulement sur la base du volontariat.

Le cadre méthodologique français se base sur le cadre européen avec la méthode PEF et ajoute 2 compléments hors ACV supplémentaires pour répondre aux limites de la méthode européenne. La méthode de l’affichage environnemental est donc composée des 16 indicateurs environnementaux de la méthode PEF, avec une amélioration sur les éléments de toxicité notamment à partir de l’introduction des Inventaires Enrichis, et de 2 compléments qui sont le complément microfibres et le complément export hors Europe.

Un webinaire de l’ADEME s’est tenu le vendredi 4 mars 2024 afin de présenter les dernières évolutions concernant la méthode et la base de données de l’affichage environnemental textile. Il est important de comprendre que la méthode ACV PEF donnera un score PEF auquel s’ajoutera les points d’impacts des deux compléments, le tout étant ensuite modulé par la durabilité. Celle-ci prendra en compte la durabilité physique du produit, mais aussi la durabilité émotionnelle du produit, qui relève plus du comportement du consommateur que de la qualité du produit. Le score d’impact après pondération de la durabilité correspondra au coût environnemental.

La base de données, Base Empreinte, permettant d’aboutir à ce coût environnemental est complétée grâce à un accord avec EcoInvent. Cependant, EcoInvent met à disposition les procédés agrégés mais une licence à leurs bases de données sera nécessaire pour avoir accès aux procédés désagrégés.

Le dispositif d’affichage complet devrait être présenté fin avril 2024 par l’ADEME.

La filière REP des textiles d’habillement, linge de maison et chaussures (TLC)

La création des filières REP (Responsabilité Elargie des Producteurs) repose sur le principe de pollueur-payeur.  Tout fabricant, distributeur ou importateur a l’obligation de financer ou organiser la prévention et la gestion de ses déchets en fin de vie. Ils peuvent mettre en place leur propre système de gestion des déchets en interne, ou transférer leurs obligations à un éco-organisme désigné de la filière en question.

La filière REP TLC a pour objectif de développer l’économie circulaire sur l’ensemble du cycle de vie des textiles, chaussures et linge de maison.  Mise en place en 2008, la filière REP TLC dispose d’une nouvelle feuille de route pour les 6 prochaines années (2023-2028).

Cette filière a son propre éco-organisme « Refashion ». Sa mission est d’assurer des objectifs de collecte et de recyclage selon un cahier des charges spécifique.

Les initiatives en Europe

Des actions ont aussi été entreprise au sein de l’Europe, notamment avec le Pacte Vert (Green Deal) lancé en 2021 par la Commission Européenne. Il s’agit d’une feuille de route environnementale composée de 13 initiatives dont l’objectif premier est d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 par l’Union Européenne. Cette loi européenne a aussi un objectif intermédiaire qui est de réduire de 55% les émissions de GES d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.

Depuis plusieurs mesures, découlant du Pacte Vert, ont été engagées :

  • Le Passeport Numérique des Produits qui touche aux produits textiles ;
  • Lancement d’un plan d’action sur l’économie circulaire pour le textile avec EURATEX ;
  • Investissement dans la recherche et l’innovation pour encourager l’éco-conception dans le textile : SmartX pour stimuler l’innovation sur les textiles intelligents, CircTex pour développer des technologies de recyclage et de production des vêtements de travail, RegioGreenTex pour renforcer la circularité des textiles innovants dans les régions d’Europe, etc.

De plus, un nouveau règlement européen sur l’éco-conception vise à stimuler la circularité par la réutilisabilité et la réparabilité des produits. Il vise aussi à limiter les substances chimiques empêchant la réutilisation et le recyclage des matériaux et augmenter la teneur en matériaux recyclés. Il s’agit d’un accord provisoire entre le Parlement Européen et le Conseil qui a été conclu en décembre 2023.

L’industrie de l’habillement et du textile est en constante évolution afin de diminuer ses impacts néfastes sur l’environnement. Traçabilité, éco-conception et recyclage sont les principaux objectifs nationaux et européens.

Le chemin reste encore long pour observer une réelle diffusion des mesures ambitieuses en faveur de l’environnement et une transformation radicale des modes de production et de consommation.